Au Greta de Coutances, on apprend à « rénover l’ancien plutôt que de renforcer l’emprise au sol »

Depuis 2017, le Greta de Coutances (Manche) a pris les enjeux de rénovation thermique de l’habitat à bras-le-corps avec une formation dédiée à l’écoconstruction et l’efficacité énergétique.
De mercredi 28 à vendredi 30 juin 2023, les stagiaires ont mis ces méthodes en application sur un chantier de Marchésieux.


Les stagiaires de la formation écoconstruction proposée par le Greta de Coutances ont travaillé sur la pose d’une chape de correction Marchésieux (Manche). | OUEST-France

À la force des bras, des stagiaires en formation « écoconstruction » au Greta de Coutances (Manche) poussent des brouettes pleines de cailloux dans une vieille bâtisse de Marchésieux. Pendant un temps, cette maison, construite en 1793, accueillait le musée rural de l’association l’Adame des marais. Il y racontait le savoir-faire et la vie de ce territoire marécageux.
La maison elle-même, typique des constructions locales dans les marais, avec ses murs de terre et son toit végétalisé, témoigne de ce passé. « Mais la maison se dégradant, on a décidé de la rénover à travers des chantiers participatifs pour montrer les méthodes d’avant », explique Alain Millien, bénévole de l’association.

« Avec du ciment, les murs se seraient effondrés »

Du mercredi 28 à vendredi 30 juin 2023, les stagiaires et apprentis du Greta ont profité de ce savoir-faire auprès de deux formateurs, salariés de la coopérative Les Chantiers de demain.

« Ils ont commencé par réaliser un hérisson. Autrement dit, un parterre de cailloux qui permettra de gérer les remontées capillaires et donc protéger la construction de l’humidité », explique Sébastien Ruel, l’un des
formateurs.


Une partie de l’équipe de stagiaires et formateurs du Greta, sur le chantier de la Maison des marais, à
Marchésieux, mercredi 28 juin 2023. | OUEST-France

Ces trois jours de chantier visaient à poser une chape de correction thermique en béton de chaux. « On aurait mis du ciment, l’humidité n’aurait pas pu s’échapper par le sol, alors elle serait remontée par les murs, qui sont poreux. En vingt ans, ils se seraient effondrés », ajoute le formateur.


Les apprentis de la formation écoconstruction du Greta ont réalisé un béton à partir de chaux afin de
poser une chape de correction thermique dans la maison-musée de l’Adame des marais, à Marchésieux
(Manche). | OUEST-France

L’objectif de la formation, qui existe depuis 2017 et se fait en cinq mois, est notamment d’apprendre à utiliser ces matériaux naturels, plus adaptés au bâti ancien typique de la région. « Notre cheval de bataille est de diminuer la construction neuve. Plutôt que de renforcer l’emprise au sol sur des surfaces cultivables, il vaut mieux rénover les bâtiments qui peuvent encore l’être », soutient Grégory Hubert, le second formateur.

Des stagiaires « à la recherche de sens »

Les stagiaires de la formation en sont aussi convaincus. La grande majorité de ces derniers est composée de personnes en reconversion, qui cherchent à allier leur activité à leur sensibilité écologique. « J’étais dans les ressources humaines, mais j’étais à la recherche d’un travail plus manuel, avec plus de sens et qui plus proche de la réalité des enjeux actuels au sujet de la rénovation énergétique de l’habitat », explique Ariane Penelon.


Les stagiaires de la formation écoconstruction proposée par le Greta de Coutances ont travaillé sur la
pose d’une chape de correction thermique en chaux, (Manche). | OUEST-France

Une volonté semblable à celle de sa camarade, Marion Hubert qui, à 39 ans, est en reconversion après une carrière dans l’associatif : « J’étais en région parisienne, mais j’ai voulu mettre encore plus en application mes valeurs de vivre sobrement en diminuant mon empreinte énergétique. Et l’habitat, c’est la base de cette diminution. »